Page 85 - World of Golf
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 Avec ses gros biceps, FedEx Cup. Mais il ne fallut pas imaginaires, se poursuivirent une
attendre longtemps avant de voir à nouveau Koepka s’imposer, cette fois-ci à la CJ Cup en Corée, ce qui lui permit d’atteindre, pour la première fois de sa jeune carrière, la place de n°1 mondial.
C’est une chose curieuse que ce prétendu manque de respect à l’égard de Koepka, qu’il soit réel ou imaginaire. Dans toutes les disciplines, il y a des sportifs qui recherchent les affronts dans l’espoir d’en tirer avantage sur leurs adversaires. Dans ce sport individuel qu’est le golf, pourtant, cette stratégie ne semble pas aussi efficace. Le plus souvent, Koepka joue un parcours et non un autre joueur.
Mais il doit se défendre contre ceux qui doutent de lui depuis l’époque de ses études à l’Université d’État de Floride, où il ne gagna que deux tournois mais où il vit d’autres joueurs qu’il jugeait aussi bons voire
   sa mâchoire carrée et ses épaules aussi larges que Bass Rock, Brooks Koepka peut difficilement
passer inaperçu. Pourtant, son coach Claude Harmon III vous dira le contraire. “Brooks est le triple vainqueur en Majeurs le moins médiatisé de l’histoire”, dit-il avec une certaine exaspération. “On peut dire qu’il ne parle pas beaucoup, mais le manque d’intérêt pour sa personne est vraiment surprenant.”
D’ailleurs, Koepka, qui a tout de même été élu Joueur de l’Année du PGA Tour par ses pairs à l’issue de la saison 2017-2018, au cours de laquelle il a gagné l’US PGA et l’US Open et enregistré quelques autres tops 10 bien qu’il ait été tenu éloigné des parcours pendant trois mois à cause d’une blessure au poignet, n’était
même pas sur la liste d’interviews pré-tournoi pour le
fois qu’il obtint un statut sur le PGA Tour, où, au cours de ses trois premières saisons, il ne s’imposa qu’une seule fois mais se hissa dans le top 20 mondial. Puis, après son premier sacre à l’US Open en 2017, certains de ses proches trouvèrent une fois de plus qu’il n’avait pas été assez encensé pour sa victoire en Majeur. Avant l’US Open 2018 à Shinnecock Hills, il s’agaça que Golf Channel n’ait pas mis son nom dans la liste des joueurs importants du champ. Koepka répondit en devenant le premier joueur en près de 30 ans à défendre son titre avec succès, cette fois-ci sur un parcours nécessitant le style de nuances dont beaucoup pensaient que son jeu manquait.
Un peu plus d’un mois plus tard, il était de nouveau là, ironisant à l’idée d’être ignoré par les journalistes lors de la dernière
2018 STARS DE
L’ ANNÉE
préfère qu’on parle de moi pour mon jeu que parce que je suis sympa avec les médias.”
Les conférences de presse fonctionnent grosso modo de cette manière : soit il y a beaucoup de sollicitations autour d’un joueur, soit le service de presse du PGA Tour se charge d’établir une liste logique de candidats qui feront l’affaire quelle que soit la tournure des évènements. Une fois de plus, Koepka n’a aucune chance. “On ne nous sollicite pas souvent pour des interviews, ajoute-t-il, alors je ne vais pas me mettre en quatre
LE DOUBLET MAJEUR
PARCE QU’IL A REMPORTÉ DEUX MAJEURS EN 2018, KOEPKA FAIT DÉSORMAIS FIGURE DE FAVORI DANS LES TOURNOIS DU GRAND CHELEM. MAIS, COMME NOUS L’EXPLIQUE BRIAN WACKER, SES RÉSULTATS NE SONT PAS APPRÉCIÉS À LEUR JUSTE VALEUR.
Tour Championship au East Lake Golf Club à Atlanta qui a clôturé la saison.
“Ça vous surprend ?”, lança malicieusement Harmon, dont l’élève, qui occupe actuellement le deuxième rang mondial, fut oublié cette semaine-là au profit de joueurs plus diserts.
Pour être tout à fait juste, le Tour avait ses raisons : quelques autres joueurs avaient de meilleures chances que l’Américain de remporter la
moins bons que lui recevoir plus d’attention. Le fait que le parcours qu’il ait suivi pour atteindre le sommet du golf ne soit pas conventionnel ne l’a pas non plus aidé. Après avoir échoué à obtenir sa carte du PGA Tour aux États-Unis, Koepka traversa l’Atlantique pour jouer sur le Challenge Tour puis sur le circuit principal de l’European Tour, où il décrocha cinq titres sans tambour ni trompette.
Les affronts, réels ou
épreuve de la saison. Sur les douze derniers Majeurs qu’il a joués, il en a remporté trois et n’a fini au-delà de la 15e place qu’à deux reprises.
“Il y a des joueurs avec lesquels ils (les journalistes) ont envie de discuter”, me dit Koepka au cours d’une partie d’entraînement. “Je n’en fais pas partie, mais ça ne fait rien. Il y en a qui vont faire les lèche-culs, ce ne sera pas mon cas. Je n’ai pas besoin de faire de la lèche à qui que ce soit. Je
pour en faire une. Ça ne m’intéresse pas.”
Il semblerait pourtant que si. Sinon pourquoi continuer à se plaindre d’être ignoré et prétendre s’en moquer ? “Parfois ça me gonfle”, concède-t-il finalement. “Mais j’essaie d’y attacher de moins en moins d’importance. Je saurai m’en souvenir quand tout le monde voudra me parler parce que je viendrai de gagner. Je n’oublie rien.”
    fevrier 2019 | worldofgolf-fr.com 85









































































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