Page 84 - World of Golf
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 Comment pouvait-on croire que ce mauvais perdant, qui, lorsqu’il ne fut pas retenu dans l’équipe en 2006 qualifia le capitaine de l’époque, Ian Woosman, d’ “homme pathétique” et de “pire capitaine de l’histoire”, allait savoir résister au stress que provoquerait immanquablement la reconquête du trophée perdu à Hazeltine en 2016 ? Ces questions étaient pertinentes, du moins au moment où elles furent posées.
Et lorsque Bjørn préféra un Sergio Garcia manifestement en petite forme à Matt Wallace, trois fois titré en 2018, et retint Rafa Cabrera-Bello parmi ses quatre wild-cards, on put entendre des hurlements de Cardiff à Copenhague. Ils se firent plus forts encore quand il ajouta à sa liste ses “vieux copains” Paul Casey, Henrik Stenson et Ian Poulter.
Somme toute, si Bjørn et l’équipe européenne avaient échoué dans leur quête, les munitions contre le Danois n’auraient pas manqué.
Mais l’Europe s’est imposée et tout cela fait désormais partie de l’histoire. Toutefois, c’est pour la manière avec laquelle il est allé chercher la victoire, pour la logique à l’œuvre derrière chacune de ses décisions et pour la lucidité dont il a fait montre du début à la fin que nous voulons rendre hommage à Bjørn. Ne l’oublions pas, c’est lui qui a bien ri et qui a ri le dernier, même s’il s’est contenté d’afficher un large sourire tout de suite après la victoire. Pas étonnant. Ses quatre “copains” venaient de rapporter 9 1⁄2 des 17 1⁄2 de l’Europe. Son secret ? “J’ai tout planifié avec eux. C’était beaucoup plus facile pour moi parce que je les connais extrêmement bien. Je sais comment ils fonctionnent, ce qui les motive et ce qui les amène à faire les bons choix. Nous avons pu préparer un plan pour chacun d’eux et ils l’ont suivi.”
‘J’AI APPELÉ SERGIO
ET JE LUI AI DEMANDÉ : “COMBIEN DE POINTS VAS-TU ME RAPPORTER ?” ET IL M’A RÉPONDU “TROIS”.’
En fait, tout prit sens lorsque la configuration du terrain fut connue. Bjørn avait sélectionné des hommes dont les points forts leur permettraient de s’adapter parfaitement aux fairways étroits et au rough épais du parcours. On était loin du scénario de 2016. Nul ne tira plus profit de la prévoyance du capitaine que Garcia, qui est devenu, grâce à sa victoire en simple face à Rickie Fowler le dernier jour sur le green du 17, le joueur européen ayant rapporté le plus de points dans l’histoire de la Ryder Cup.
“J’ai appelé Sergio et je lui ai demandé : “Combien de points comptes-tu me rapporter ?”, raconte Bjørn. “Il m’a répondu “trois”.” C’était avant que je ne le sélectionne. Je voulais à tout prix qu’il fasse partie de l’équipe. Mais il y avait des joueurs qui jouaient mieux, ce qui ne m’a pas facilité la tâche. Mais il m’a dit qu’il m’apporterait trois points et il l’a fait.”
Ce qui ajouta sans doute à la joie des Européens, ce fut de voir l’impuissance du capitaine américain Jim Furyk et ses trois adjoints, Zach Johnson, Matt Kuchar et Steve Stricker. Bien plus que des joueurs comme Phil Mickelson ou Tony Finau, ces quatre hommes ont un style de jeu adapté au défi que présentait le Golf National.
Bjørn s’attacha également aux petits détails qui comptent. Comme l’inspiration. À la veille des matchs, l’équipe visionna des vidéos de Colin Montgomerie, Paul McGinley, Martin Kaymer et Graeme McDowell, quatre joueurs qui avaient assuré le point gagnant à l’équipe européenne par le passé. Il s’adjoignit les services d’un nutritionniste, d’une masseuse pour prendre soin des joueurs dans le vestiaire. Et il avait même prévu un DJ pour la fête d’après rencontre.
Bjørn avait pensé à tout. Quelle star.
  84 worldofgolf-fr.com | fevrier 2019























































































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