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TIGER EN CHIFFRES
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Le nombre de places que Tiger a gagnées au classement mondial officiel du golf en 2018. Il est passé du 668e rang à la fin de l’année 2017 à la 13e place à la fin de la saison 2018.
citation de Snead devait être totalement réécrite : Tiger ne savait pas s’il pourrait rejouer un jour, personne ne savait s’il pourrait rejouer un jour, et il savait que personne ne savait s’il pourrait rejouer un jour.
Mais même après une intervention censée s’être bien déroulée, moins de deux mois plus tard, le 29 mai 2017, sa situation sembla plus désespérée que jamais. Woods fut arrêté après avoir été retrouvé hagard au volant de sa voiture accidentée sur le bas- côté d’une route de Floride, moteur en marche, et fut accusé de conduite sous influence (de médicaments sur ordonnance et non de l’alcool).
Au vu de la vidéo de la police et de la photo d’identité judiciaire qui furent rendues
invincible des années 2000, celui dont le vernis impénétrable craquait rarement (du moins en public), publiant des images de ses tentatives de swing postopératoires. Mais c’était une autre époque et, manifestement, un autre Tiger.
Lors de son Hero World Challenge au Bahamas au début du mois de décembre, le swing de Woods parut plus fluide que jamais. L’Américain rendit trois cartes sous les 70. Il avait retrouvé la puissance et le toucher – sept mois après son arthrodèse, six mois après son arrestation, cinq mois après la fin de sa cure de désintoxication. La neuvième place ex aequo qu’il obtint dans ce tournoi limité à 18 joueurs fut on ne peut plus encourageante pour Woods. Un vrai cadeau de
était encore un sport de Blancs, mais ce sont surtout les coups qu’ils réalisaient, les marges avec lesquelles il gagnait et ses réactions survoltées sur le parcours qui faisaient qu’il y avait toujours une séparation nette avec Tiger – entre lui et ses adversaires, entre l’homme et ses fans, même si ceux-ci se penchaient par-dessus les cordes pour mieux le voir. Pendant longtemps, ce fossé sembla plaire à Woods. Peut- être même aurait-il préféré qu’il fût plus large. Après tout, n’avait-il pas baptisé son yacht “Privacy” ?
À l’époque de son ascension, il y avait certaines choses qui sautaient aux yeux comme les azalées d’Augusta en avril : il avait une puissance, une créativité, une détermination et
‘ON NE SAIT PAS APPRÉCIER CE QUE L’ON A. CELA VAUT POUR LA PLUPART D’ENTRE NOUS, LA PLUPART DU TEMPS, QUOI QUE NOUS PRÉTENDIONS. ET CELA VALAIT POUR TIGER.’
7
Le nombre de tops 10 enregistrés par Tiger Woods au cours de la saison 2017-2018, nombre qui comprend sa victoire au Tour Championship et ses deux deuxièmes places au Valspar et à l’US PGA.
5 ANS
Le nombre d’années (soit 1 876 jours) entre le dernier titre de Woods en 2013 et sa victoire à Atlanta, qui a mis fin à la plus longue période de disette de sa carrière.
38%
Le British Open, retransmis par NBC Sports, a gagné 38% d’audience par rapport à 2017, en grande partie parce que Tiger était en course pour la victoire. Les chiffres n’avaient plus été aussi hauts depuis la victoire de Tiger en 2006.
publiques, des images qui l’exposèrent d’une manière plus brutale que les tabloïds huit ans auparavant au moment du scandale sexuel, il était clair que sa priorité devait être de remettre sa vie en ordre et non de ressusciter son golf. Sans remise à plat de sa vie, et en dépit du talent de son neurochirurgien, il lui serait impossible de retrouver les parcours.
Woods suivit une cure de désintoxication pour se débarrasser de son addiction médicamenteuse et régler ses problèmes de sommeil. Le 2 juillet 2017, il twittait : “Je viens de terminer un programme de soins intensif. Je vais continuer à aller de l’avant, avec l’aide de mes médecins, de ma famille et de mes amis. Je suis très reconnaissant pour tout le soutien que j’ai reçu.”
Il y eut bientôt d’autres tweets, des rapports d’étape sur les réseaux sociaux sur les petits progrès de la part de l’homme qui, à son meilleur niveau, avait joué le plus beau golf de l’histoire. Un chip. Un demi- coup de wedge. Un plein swing. Un drive. La débilitante douleur de Tiger avait disparu, sa vie était à nouveau sur les rails, mais pouvait-il vraiment redevenir, au moins en partie, le joueur qu’il avait été ? On imagine mal le Woods
Noël et de 42e anniversaire en avance.
À l’âge de 42 ans, Jack Nicklaus eut le cœur brisé par le chip rentrant de Tom Watson à l’US Open de 1982 à Pebble Beach. Si Woods se cherchait du bon karma, il valait mieux qu’il pensât à Gary Player, qui avait décroché la dernière de ses neuf victoires majeures à 42 ans au Masters de 1978, en bouclant le neuf de retour en 30 pour rendre une carte de 64 le dimanche.
À 42 ans, Woods était deux fois plus vieux qu’il ne l’était en 1997, saison qui fut marquée par sa victoire historique au Masters et illuminée par la flamme bleue de la Tigermania, un phénomène qui fit grossir les rangs des spectateurs et les audiences télévisuelles. Le Woods de cette époque – et des années de domination qui allaient suivre – était aussi intense que l’intérêt qu’il suscitait.
Lorsqu’Arnold Palmer avait élevé le niveau du jeu professionnel quelques décennies plus tôt, son naturel sympathique était tel qu’il donnait l’impression d’avoir beaucoup en commun avec ses supporteurs malgré son statut de légende. Woods était un homme à part.
Certes, il se démarquait du fait de son origine ethnique, un homme de couleur dans ce qui
un toucher extraordinaires. La satisfaction que Woods retirait de son travail était évidente, mais la joie l’était beaucoup moins. Tiger s’attendait à la victoire – à un point rarement égalé – et pratiquement tous ceux qui le suivaient partageaient ce sentiment. Il gagna et gagna et gagna encore, jusqu’à ce que tout s’arrêtât.
En décembre 2015, à l’approche de son 40e anniversaire et alors que les douleurs dorsales le tenaient éloigné des parcours, Tiger aborda franchement la question de son avenir en tant que joueur, en disant que le prochain chapitre, s’il y en avait un, serait un “bonus”. Le doute quant à son retour était bien réel et, entre cet aveu et le moment où Tiger ressentit cette douleur encore plus débilitante qui nécessita une intervention plus lourde, il alimenta tout ce qui suivit.
Là où il y avait toujours eu des attentes (nombreuses, hautes et, étonnamment, presque toujours comblées) autour de la personne de Tiger, il y avait désormais, entre les incertitudes sur sa condition physique et les doutes sur son avenir sportif, autre chose : l’espoir.
On n’apprécie vraiment ce que l’on a que lorsqu’on craint de le perdre ou qu’on l’a perdu. C’est vrai pour la plupart d’entre
82 worldofgolf-fr.com | fevrier 2019