Page 75 - World of Golf N°185
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Si Pete Cowen ignore quelque chose sur le swing, c’est que ce quelque chose est sans intérêt. Posez-lui une question et la réponse arrivera en un rien de temps et sera pour vous comme une révélation. En revanche, si vous lui demandez de nommer tous les joueurs pros avec lesquels il travaille actuellement, la réponse risque de prendre un peu de temps. Il en compte quatorze, mais il a quelque peine à se les rappeler tous. Au Golf National, il a coaché Brooks Koepka, Ian Poulter et Henrik Stenson, mais au cours des trois dernières décennies il a conseillé tous les membres de l’équipe européenne de Ryder Cup 2018 sauf quatre. Capitaines et vice-capitaines inclus. Son business model est tel qu’il n’a jamais besoin de partir en quête de nouveaux joueurs; en fait, ce sont eux qui viennent à lui.
La politique de la porte ouverte que Cowen pratique sur le circuit et dans ses trois académies (dont l’une se trouve à Rotherham et les deux autres à Dubaï) s’applique à tous sauf à ceux qui l’ont quitté, ont coupé les ponts et ont tenté de revenir par la suite. Parmi ceux-là, il y a notamment un ancien n°1 mondial et un ancien Rookie de l’Année de l’European Tour. Cette implacabilité sous-tend sa philosophie du coaching, et on l’a vue à l’œuvre à Erin Hills en 2017 quand Cowen a sermonné Brooks Koepka. “Il ne m’a pas remercié sur le moment”, raconte Cowen, mais il l’a fait après avoir décroché le titre de champion de l’US Open. Koepka a ajouté deux autres Majeurs à son palmarès en 2018, ce qui porte le nombre total de Cowen à cinq en trois ans. “J’ai un taux de réussite de 40%”, plaisante-t-il.
La plaisanterie qui circule sur le circuit veut que Cowen vive pratiquement sur le practice, mais ce n’est pas loin de la vérité. Au WGC-HSBC Champions, il était le premier arrivé au practice et le dernier à en repartir. Il estime qu’il cumule 250 000 miles aériens par an. Pourtant, il ne touche qu’un pourcentage des gains de ses joueurs, en fonction de leurs résultats. Ce qui veut dire qu’il peut se passer des semaines voire des mois avant qu’il ne perçoive un penny pour son travail, mais vu que Koepka fait partie de ses clients, c’est rarement le cas. Ils ont commencé à travailler ensemble il y a cinq ans, juste après que l’Américain a obtenu sa carte sur l’European Tour. Depuis, ils ont fêté ensemble trois victoires majeures.
C’est au jeu court que les progrès de Koepka ont été les plus spectaculaires, et l’Américain les attribue ouvertement à Cowen. Ce dernier, qui se veut plus factuel, a rme que le petit jeu de Koepka est passé d’une note de 2 sur 10 à une note de 4 sur 10. “C’est une progression de 100%”, ajoute-t-il. Tout golfeur s’en satisferait, lui répondons-nous, mais il ne faut pas longtemps pour prendre conscience que le golfeur de club a plus de choses en commun avec le n°1 mondial qu’on ne pourrait le croire...
“On me sollicite constamment. Encore récemment, j’ai aidé Pep Angles au Portugal. Il était en délicatesse avec son jeu et n’avait pas passé le cut d’un tournoi depuis des lustres. Il a décroché une 12e place là-bas.” PETE COWEN
Je pense que beaucoup de joueurs, professionnels compris, ne comprennent pas la technique derrière un chip, un pitch ou une sortie de bunker.
Un joueur à l’aise dans le sable peut imprimer un e et gauche-droite ou droite- gauche à la balle ou lui imprimer une trajectoire haute ou basse simplement en exerçant une pression di érente dans le sable. C’est la même chose pour le chipping, et il faut savoir qu’on peut simpli er le mouvement en se servant du loft et du bounce. Il a fallu que j’apprendre tout cela à Brooks.
La plupart des golfeurs de club, auxquels on a appris à garder les mains en avant à l’impact, ne savent pas non plus se servir du bounce.
Si on a 15° de bounce mais qu’on incline le shaft de 16°, on se retrouve avec -1° de bounce. C’est comme ça qu’ils plantent le bord d’attaque dans l’herbe et font d’a reuses grattes. Cela tient au fait que le point bas de leur arc de swing n’est pas au bon endroit et qu’ils cherchent à obliger la balle à aller vers l’objectif au lieu de laisser le club revenir à sa position naturelle. Pendant la Ryder Cup, j’ai passé pas mal de temps à aider Brooks et Rory sur leur jeu de bunker. En fait, j’étais entraîneur national en Irlande lorsque Rory avait 14 ans, je me souviens bien du jeu de bunker qu’il avait à l’époque et il l’avait un peu perdu. Nous avons repris les bases et ça s’est réglé. J’ai corrigé sa position initiale et j’ai véri é que la mécanique était bonne. Les joueurs oublient souvent ce qui faisait qu’ils étaient forts, et souvent c’est une question de fondamentaux.
Quand je suis au practice avec un joueur, il m’arrive de lui demander de jouer neuf coups : un fade bas, un draw bas, une balle droite basse, un fade moyen, un draw moyen, une balle droite moyenne, un fade haut, un draw haut et une balle droite haute. Et il doit le faire dans cet ordre-là. S’il échoue, il doit recommencer. C’est un exercice à enjeu. Pour le jeu court, je les fais parfois se mettre à un endroit d’où ils doivent jouer cinq balles vers un drapeau. Je leur demande ensuite à quelle distance du trou ils pensent que toutes les balles vont  nir. S’il s’agit d’un simple chip, il se peut qu’ils me disent “toutes à moins de 1 mètre”. Une fois cinq fait cinq. Donc, le dé , ce sera que la distance cumulée par rapport au trou des cinq balles fasse moins de 5 mètres. S’ils échouent, ils doivent recommencer.
Graeme McDowell fait souvent l’exercice du par-18. Kenny, son caddie, le met dans des positions di ciles autour du green et lui demande de réussir approche-putt avec au moins une des deux balles. Tout exercice à enjeu est bon pour simuler la pression de la compétition.
J’ai enregistré plus de 250 victoires au cours de ces 23 dernières années, et huit victoires majeures.
On me sollicite constamment. Encore récemment, j’ai aidé Pep Angles au Portugal. Il était en délicatesse avec son jeu et n’avait pas passé le cut d’un tournoi depuis des lustres. Il a décroché une 12e place là-bas. La plupart du temps, je les amène simplement à comprendre ce qu’ils devraient faire. La partie est alors à moitié gagnée. Je ne réinvente pas la roue. Je vois beaucoup de joueurs qui cherchent à réapprendre à swinguer au lieu d’essayer de mieux faire correctement les choses.
Je dis toujours, ne swinguez pas pour garder l’équilibre, swinguez équilibré. Les golfeurs qui plantent la balle en plein milieu du fairway à tous les coups swinguent généralement sans forcer,  nissent parfaitement équilibrés et peuvent tenir cette position pendant 20 secondes. La majorité des golfeurs ne peuvent pas faire ça parce que leur mécanique n’est pas assez bonne.
Le swing est un mouvement de spirale. Si vous voulez générer un peu de couple avec le corps a n de produire de la puissance, vous ne pouvez pas vous contenter de pivoter les épaules. Vous devez vous servir du bas du corps et faire comme si vous tourniez une vis avec vos pieds pour pouvoir vous enrouler à la montée. Le poids devrait se déplacer en spirale, du pied gauche à la cheville droite, de la cheville gauche au tibia droit, du tibia gauche au genou droit, du genou gauche à la cuisse droite, et de la cuisse gauche à la hanche droite. Lorsque vous passez de la hanche gauche aux abdos droits, vous pouvez alors commencer à associer les positions à la position des mains. Ainsi, lorsque vous passez des abdos gauches au pectoral droit, les mains sont au niveau de la poitrine. Quand vous passez du pectoral gauche à l’épaule droite, les mains sont au niveau des épaules. Cette façon de voir les choses concourt à la bonne action du corps et créé un ensemble de points de repères pour di érentes longueurs de coups. C’est beaucoup plus facile que de s’obliger à mettre les mains à 9 heures ou à 10 heures.
janvier 2019 | worldofgolf-fr.com 75


































































































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