Page 92 - World of Golf
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 ‘LA CLARET JUG ? ELLE EST DANS UNE BOÎTE QUE J’AI CACHÉE DANS UN PLACARD. JENELA MONTRE PAS SOUVENT.’
Quelle est l’approche de Dave ?
C’est surtout qu’avec lui mes séances d’entraînement sont plus imprévisibles et plus bénéfiques. Il me pousse dans mes retranchements, à tel point que je me sens frustré et anxieux, et ce que je ressens physiquement est comparable à ce que l’on éprouve en tournoi quand les choses ne se passent pas exactement comme on le voudrait. Il appelle ça la Zone Agitée.
Vous êtes un garçon plutôt calme. Dave vous a-t-il en quelque sorte réveillé ?
Je suis plutôt quelqu’un de calme, mais il y a beaucoup plus de passion en moi qu’on ne pourrait le croire en me voyant. Dave a simplement trouvé le moyen de faire ressortir cet autre aspect de ma personnalité quand je suis sur le parcours. Il ne m’a jamais demandé d’être une personne que je ne suis pas.
Regrettez-vous de ne pas l’avoir rencontré il y a dix ans ?
Non. J’ai parlé de ça avec lui et avec l’équipe. C’est un travail très intense que je n’aurais pas été prêt à faire il y a dix ans. Notre collaboration n’aurait pas duré plus de deux mois ! Je l’ai rencontré au bon moment et ça a été payant !
Dave a aidé Luke Donald à se hisser à la place de n°1 mondial. Est-ce l’objectif suivant ?
Eh bien, tout le monde rêve de devenir n°1 mondial, mais ça risque d’être dur. Mais quand vous atteignez la 5e ou la 6e place, le chemin n’est déjà plus aussi long. Le plus important, c’est d’être dans le bon état d’esprit pour continuer à progresser. Nous verrons bien jusqu’où cela nous conduira. Je ne l’exclus pas, mais je ne me focalise pas sur un objectif.
Une saison comme celle que je viens de vivre peut être trompeuse et dangereuse si on ne tient compte que des résultats sportifs. Parce que j’aurais très bien pu jouer exactement comme je l’ai fait et ne gagner qu’un tournoi et finir 5e à l’Open. Donc nous verrons bien après l’année prochaine.
Donc, après cette réunion d’équipe, il y a la victoire au BMW PGA Championship...
Cette victoire m’a rendu très heureux parce que c’est un grand tournoi et que, sans aller jusqu’à dire que je m’y sens chez moi, ce
qui fâcherait mes compatriotes italiens, c’est un tournoi qui me tient à cœur et que j’avais déjà failli gagner par le passé. C’est formidable d’avoir pu m’y imposer.
Mais ce fut épuisant. Je me souviens que, lorsque je suis rentré en Italie pour voir mes parents, j’étais complètement vidé simplement parce que je n’avais pas gagné souvent au cours de ma carrière et que cette victoire a été un très grand moment et parce que ce n’était pas n’importe quel tournoi, c’était le BMW PGA de Wentworth. J’ai eu un gros coup de mou à la suite de cette victoire. Elle m’a donné un grand sentiment de réussite mais j’y ai perdu beaucoup d’énergie mentale en l’espace de quelques jours.
Lorsque vous avez confirmé cette victoire en vous imposant au Quickens Loans, le tournoi organisé par Tiger, n’était-ce pas un peu comme si vous annonciez qu’il allait falloir compter sur vous désormais ?
Gagner un tournoi aux États- Unis était l’un des objectifs que je m’étais fixés en début de saison. Je voyais ça comme l’étape suivante de ma carrière. Tant que vous n’avez pas gagné là-bas, on ne fait pas très attention à vous ! La différence entre ma victoire à Wentworth et celle-là quelques semaines plus tard, c’est je ne me suis senti ni épuisé ni vidé. Je me suis contenté de faire ce que je sais faire et de jouer comme j’avais le sentiment de devoir le faire. Et la victoire est venue naturellement.
Laquelle de ces deux victoires compte le plus à vos yeux ?
Cette victoire à Wentworth avait quelque chose de spécial. J’avais le sentiment de m’être transcendé. Du fait que j’avais beaucoup plus confiance en moi, la victoire au Quicken Loans m’a semblé beaucoup plus naturelle. Mais je ne mettrais pas pour autant le Quickens Loans derrière Wentworth. C’est énorme pour un Européen de gagner un tournoi aux États-Unis parce qu’il n’y en a pas tant que ça qui l’ont fait.
Qu’est-ce que ça fait d’être présenté comme le “Champion Golfer of the Year” partout à travers le monde ?
C’est génial et étrange en même temps parce que je n’ai pas eu trop le temps de m’asseoir pour y
penser. Si j’ai appris quelque chose cet été, c’est que j’ai besoin de plus de temps pour comprendre ce qui s’est passé et l’intégrer. Je n’ai pas arrêté depuis juillet.
La Claret Jug sera-t-elle sur la table le jour de Noël ?
Non, je ne suis pas du genre à l’exposer vingt-quatre heures sur vingt quatre, sept jours sur sept ou à aller parader dans Turin avec la Claret Jug. Je la montrerai à quelques amis. Je l’avais laissé sortie les premières semaines, mais maintenant elle est cachée quelque part dans la maison. Elle est dans une boîte dans un placard. Je la sors de temps en temps.
Vous avez gagné l’Open en jouant le dernier tour avec Tiger Woods. Rétrospectivement, qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est précisément le genre de choses que je n’ai pas encore intégrées. C’était incroyable. Quand j’y repense, ce qui m’étonne le plus, c’est le calme qui m’habitait ce dimanche-là. Je me sentais en maîtrise, ce qui est étrange car il y avait beaucoup de joueurs qui étaient proches de la tête. Le fait d’avoir gagné en jouant aux côtés de Tiger, autour duquel il y a toujours une telle animation, rend cette victoire d’autant plus spéciale.
Vous avez une nouvelle fois extraordinairement bien joué à la Ryder Cup. Avez-vous eu le sentiment à un moment ou un autre que vous étiez imbattable ? Non, jamais, il y avait toujours un peu de doute dans mon esprit. On s’est bien éclaté. Tommy (Fleetwood) et moi savions depuis un certain temps que nous allions probablement jouer ensemble. La configuration du parcours était parfaite pour nous. Nous étions en retard dans certains matchs, donc ça n’a pas été aussi simple qu’il y paraît aujourd’hui. Mais nous avons vécu une semaine parfaite.
Vous êtes-vous, Tommy et vous, laissé persuader facilement de faire cette vidéo devenue virale où l’on vous voit tous les deux au lit avec la Ryder Cup entre vous ? [Rires] C’était une idée de Michael Gibbon [l’attaché de presse de l’European Tour]. C’est plus l’alcool que ses arguments qui nous ont convaincus de faire cette vidéo !
    1
Le nombre total de points que Molinari avait apportés à l’Europe lors de ses deux précédentes apparitions en Ryder Cup. L’Italien avait gagné un demi-point en trois matchs en 2010 et en 2012.
6e
Le classement mondial de Molinari en fin d’année 2018, son meilleur depuis qu’il est passé pro en 2005. Il a gagné 21 places par rapport à fin 2017.
275,25 m
La distance moyenne au driving de Molinari en 2018. C’est la première fois en huit ans qu’il franchit la barre des 275 mètres sur l’European Tour.
 92 worldofgolf-fr.com | fevrier 2019

































































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