Page 64 - World of Golf
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Confident. Agent de voyage. Psychologue. Régleur de problèmes. Videur. Stratège. Lecteur de greens. Conseiller. Punching- ball notoire... le caddie moderne n’est pas qu’un simple porteur de sac pour les golfeurs professionnels. Les avantages sont conséquents : des chèques à sept chiffres si l’on travaille pour le bon joueur. Mais la pression est également très forte, particulièrement quand chaque geste, chaque coup et chaque décision de ce joueur est disséqué à la télévision et sur les réseaux sociaux, souvent après qu’une discussion sur l’exécution d’un coup a été captée par un puissant micro.
À mesure que la pression et les sommes d’argent en jeu augmentaient, les joueurs ont exigé davantage de leurs caddies. Sachant que ces derniers empochent 10% du montant du chèque de leur joueur en cas de victoire, un montant qui dépasse souvent le million de dollars, il est normal que l’on attende d’eux qu’ils soient performants. Lorsqu’un joueur éprouve un besoin de changements, son caddie est souvent le premier à en faire les frais. Comme l’a dit un jour un caddie : “Quand ils sont dans une mauvaise passe, les joueurs ressentent le besoin de virer quelqu’un. C’est soit leur femme, soit leur caddie... mais ça leur revient bien moins cher de virer leur caddie.” L’année dernière, trois collaborations de haut vol se sont achevées : Phil Mickelson et Jim ‘Bones’ Mackay se sont séparés au bout de 25 ans; Rory McIlroy a limogé J.P. Fitzgerald; et Jason Day a mis fin à son association avec Colin Swatton, qui était à la fois son mentor, son coach et son caddie. Récemment encore, Lee Westwood – qui s’est adjoint les services de sa petite amie à Sun City pour signer sa première victoire en quatre ans – s’est séparé de Billy Foster, l’un des caddies les plus respectés sur le circuit européen. Pour avoir un aperçu de ce que vivent les tout meilleurs caddies du circuit, nous avons discuté avec cinq hommes qui officient actuellement sur l’European Tour. Ensemble, ils totalisent plus de 130 années d’expérience sur le circuit et 63 victoires, dont un Majeur (le deuxième titre de José María Olazábal au Masters il y a près de 20 ans). Ils nous ont parlé franchement et librement des hauts et des bas de la vie de caddie, des Majeurs, de la Ryder Cup, de leurs espoirs et de leurs rêves, des sensations que procurent la victoire... et la défaite.
DANS LE SENS HORAIRE
(DE GAUCHE À DROITE)
Brendan McCartain embrassant José María Olazábal pour célébrer
la deuxième victoire de l’Espagnol au Masters en 1999.
Dermot Byrne et Shane Lowry se tapant dans la main pour fêter la victoire du joueur irlandais au WGC Bridgestone Invitational à Firestone en 2015.
Ian ‘Stretch’ More a aidé Nick Dougherty à s’imposer au Alfred Dunhill Links Championship en 2007.
Dave McNeilly a caddeyé pour Billy Foster (à gauche) pendant l’édition 2008
de la Ryder Cup à Valhalla, où l’un de ses anciens employeurs, Sir Nick Faldo, était capitaine de l’équipe européenne.
Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans le fait de travailler sur le circuit ?
DMO : La camaraderie avec les gars. C’est comme de vivre dans un cirque familial itinérant. Mais ça devient plus compliqué avec le temps, d’autant qu’aujourd’hui j’ai un petit garçon de quatre ans. C’était plus sympa quand j’étais célibataire et que je n’avais à m’occuper que de moi- même.
DB : L’excitation que l’on éprouve quand on est impliqué au plus haut niveau de ce sport. Je n’étais pas assez bon pour jouer moi-même sur le Tour, donc c’est formidable pour moi de pouvoir voir chaque jour les joueurs évoluer au plus haut niveau. C’est super d’avoir un rôle à jouer là- dedans.
IM : Ce qui me plaît, c’est de voyager et de me retrouver dans un endroit différent chaque semaine, et puis c’est la camaraderie et, bien sûr, la victoire.
BM : La liberté que confère ce travail. C’est une activité de plein air et on a beaucoup de temps libre. Lorsqu’on est à la maison, on peut s’occuper de la scolarité des enfants, ce que les pères normaux ne font pas.
DMC : Ce n’est pas souvent que l’on peut être impliqué dans un sport aux côtés du sportif et avoir une influence réelle sur sa performance. C’est un travail plutôt unique en son genre.
Et qu’est-ce que vous appréciez le moins ?
DMO : C’est le fait d’être loin de ma famille, de mon fils et de ma femme, et surtout de mon fils !
DB : Comme dans tout travail, c’est l’échec, les cuts manqués, etc. On fait partie intégrante de l’équipe. On gagne ensemble, on perd ensemble.
IM : Les déplacements, même si c’est aussi ce qu’il y a de mieux dans ce travail. On est loin de chez soi pendant de longues périodes. Les aéroports peuvent également être très pénibles.
BM : Oui, c’est vrai, les déplacements peuvent devenir une véritable galère.
DMC : Je dirais les déplacements. Aujourd’hui, l’European Tour nous emmène du Maroc à la Chine, ce qui peut s’avérer très contraignant.
Quel est le plus beau coup auquel vous ayez assisté ?
DMO : Au 9e trou à Dubaï, Stephen Gallacher était coincé dans les arbres sur la droite. Il ne pouvait rien faire. Pourtant, il a réussi à passer dans un trou de souris pour poser sa balle à quelques centimètres du drapeau et faire
64 worldofgolf-fr.com | fevrier 2019