Page 46 - World of Golf
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tombaient, encore incandescents, dans les fosses. J’étais un des ouvriers qui devaient descendre les ramasser à la pelle. Ensuite, je suis devenu apprenti machiniste. Je travaillais avec un homme prénommé Roy qui détestait l’entreprise et refusait de me parler. C’était si horrible que j’ai décidé de reprendre mes études.
J’ai eu mon diplôme avec mention très bien. Les gens qui me connaissaient n’en revenaient pas que j’aie eu mes examens avec mention. Ensuite, j’ai réussi l’examen GPA (en comptabilité) du premier coup. Si je n’avais pas réussi cet examen, je n’aurais pas fait tout ce que j’ai fait depuis. Donc je suppose que je dois tout à ce vieux brigand de Roy !
Après l’université, j’ai trouvé un emploi dans une boîte, la Commercial Credit Leasing. C’était au milieu des années 1970. Comme j’étais chargé de vérifier les comptes des entreprises qu’on
voulait racheter et d’obtenir des informations, j’étais toujours en longs déplacements. Un jour que j’étais à Redwood City, en Californie, et que j’avais une douzaine d’heures à tuer avant mon vol de retour, je suis entré dans une librairie sur le campus de Stanford et j’ai acheté un livre sur la programmation et le langage Basic. J’ai lu ce livre en attendant
mon vol et j’ai écrit mon premier programme informatique dans l’avion.
La programmation est
devenue une passion.
J’adorais ça. J’ai écrit un
programme de gestion des
finances familiales que j’ai
baptisé “Money Counts”.
Comme il était plutôt pas
mal, j’ai décidé, en 1984,
d’essayer de le vendre. Il
m’a fallu quelques années
pour trouver comment le
commercialiser mais en
1987, il me rapportait de l’argent. La première année, j’en demandais une centaine de dollars, ce qui correspondait au prix pratiqué sur le marché, et j’ai perdu 15 000 dollars. La deuxième année, j’ai baissé son prix à 99 dollars et j’ai perdu les 25 000 dollars de primes que j’avais eues pour mon vrai travail et tout ce que j’avais pu économiser. Pendant tout ce temps j’ai continué à améliorer le programme et, la troisième année, il était vraiment au point. J’ai eu la possibilité d’en faire la publicité en couverture d’un magazine pour 5 000 dollars. J’ai descendu le prix du logiciel à 12 dollars et j’ai retiré la protection anti-copie. J’ai été inondé de commandes. C’est donc grâce à la publicité que les ventes ont décollé. J’ai gagné 287 000 dollars cette année-là – je n’avais jamais eu autant d’argent de toute ma vie. L’année suivante, j’ai gagné 2,5 millions de dollars, et la suivante, 5 millions de dollars.
J’ai réussi parce que j’ai travaillé dur. À cette époque, j’arrivais au travail à 8 heures du matin et je travaillais pendant deux jours et demi non stop. Je savais que je devais arrêter de travailler quand je commençais à avoir des hallucinations. Je rentrais chez moi, je m’écroulais dans mon lit et dormais pendant huit heures, puis je me levais pour aller courir, prenais une douche et retournais bosser pendant deux jours et demi. Si je n’avais pas fait ça, je n’aurais jamais réussi.
46 worldofgolf-fr.com | fevrier 2019
 BOB PARSONS
En haut :
le siège social ultramoderne de PXG dans l’Arizona.
En bas :
Le Scottsdale National Golf Club, dont Parsons est propriétaire, n’a qu’une seule règle : aucun membre ne doit empêcher un autre membre de prendre du bon temps.
Je n’ai jamais rien fait dans l’idée de gagner de l’argent. Je m’engage dans des affaires qui sont originales. Quand on travaille dur et qu’on ne le fait pas pour l’argent mais pour satisfaire ses clients et pour faire quelque chose d’original, généralement on réussit parce qu’on fait des choses qui sont insensées mais qui correspondent exactement à ce qu’on doit faire pour réussir.
En plus d’être un joueur, mon père était un golfeur passionné. Il était scratch. Il s’était mis au golf après la Seconde Guerre mondiale. Il m’emmenait avec lui à Clifton Park dans le centre-ville de Baltimore. Ce parcours de golf existe encore aujourd’hui et l’un des dangers pour les golfeurs qui le jouent, c’est de s’y faire détrousser. Mon père me laissait jouer avec ses clubs de temps en temps. Donc c’est à cette époque que j’ai été initié au golf.
J’ai vraiment appris à aimer le golf quand j’ai commencé à réussir dans les affaires, vers la trentaine. Ma première entreprise s’appelait Parsons Technology et je me suis mis au golf en même temps que trois des personnes qui travaillaient avec moi. Le mercredi après- midi, nous trouvions un endroit où nous pouvions jouer. Nous étions vraiment mauvais, mais comme nous étions tous du même niveau, nous nous amusions beaucoup. Avec le temps, nous avons tous bien progressé. Nous nous retrouvions le mercredi après-midi pour jouer le parcours d’un complexe hôtelier voisin et nous nous levions avec les poules le jeudi
matin pour faire une partie avant de retourner au boulot. Ensuite, nous nous sommes également mis à jouer le samedi. Nous faisions des voyages golfiques au cours lesquels nous jouions 36 ou 54 trous par jour. C’était possible car nous étions jeunes.
Après avoir vendu GoDaddy, j’ai racheté un club de golf privé, le Scottsdale National. Nous avons supprimé toutes les règles sauf une. La seule règle que nous avons maintenant dit qu’aucun membre ne doit empêcher un autre membre de passer un bon moment. Si j’ai voulu cette règle, c’est parce que les membres et moi-même n’allons au club que pour une seule raison : pour prendre du bon temps. Le golf a un peu perdu cela de vue. Nous nous embrouillons dans les règles et nous manquons d’indulgence envers les gens. Donc, si des membres veulent jouer en jean ou écouter de la musique dans leur voiturette, ils peuvent le faire, tant que cela ne gêne pas un autre membre. Je ne conteste pas aux autres clubs tels qu’Augusta National ou Pine Valley le droit d’avoir leurs règles. Ils ont toute une tradition qui s’est construite autour de ces règles. C’est très bien et je respecte les règles à la lettre quand j’ai la chance d’être dans ces hauts lieux du golf, mais la situation est différente au Scottsdale National. Beaucoup de ces lieux sont nobles mais nous, nous sommes des nouveaux riches.
Le plus gros avantage qu’il y a à être propriétaire du Scottsdale National, c’est que je suis particulièrement bien traité quand je m’y rends. Je peux y aller quand je veux et je peux y faire ce que je veux, dans les limites du raisonnable. Je respecte toujours les membres, les employés, la propriété et le jeu, mais si je veux m’y rendre avec six personnes pour faire une partie de seven-ball, c’est possible. En général, je ne fais rien qui ne soit pas permis aux membres.
  



































































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