Page 66 - World of Golf N°185
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“Ça doit faire six ans que je travaille avec Claude et à chaque fois c’est la même chose. Je ne dois penser qu’à trois choses, c’est tout. Faire court, entraîner le club vers l’extérieur et le swinguer vers la gauche.” BROOKS KOEPKA
regarder taper quelques balles. Il a bien joué et, à la suite de cela, je suis devenu son coach à temps plein. C’est à peu près à cette époque que je suis retourné aux États-Unis pour travailler au Floridian, donc ça s’est bien goupillé. Ernie était au creux de la vague, il en était à un stade de sa carrière où il se demandait combien de temps il allait encore pouvoir jouer au golf, donc j’étais loin de m’imaginer que j’allais pouvoir l’aider à gagner son quatrième Majeur à peine un an plus tard. Et j’étais également loin de m’imaginer que j’allais enchaîner avec DJ et Brooks, qui se sont aussi imposés en Majeurs.
Ce qu’a fait Brooks cette année et même ces deux dernières années est exceptionnel. Vu la gravité de sa blessure, nous ne savions pas en février de cette année s’il allait pouvoir rejouer un jour au golf. Nous ne savions pas si nous allions devoir modi er son grip, modi er son swing ou tout modi er. Pour un golfeur, les blessures au cou, au dos ou aux poignets sont l’équivalent d’une fracture de la jambe ou d’une rupture des ligaments croisés antérieurs pour un footballeur. On ne peut pas savoir si on sera en mesure de reprendre la compétition. Pour un golfeur comme Brooks, dont le jeu est basé sur la vitesse et la puissance, une blessure au poignet gauche est catastrophique, c’est une réelle menace pour sa carrière. Qu’il ait réussi à revenir, à remporter trois victoires dont deux Majeurs, à être élu Joueur de l’Année et à devenir n°1 mondial est tout bonnement prodigieux. Ça prouve à quel point il est fort. Je pense que le ciel est sa seule limite.
Comme Brooks et DJ cherchent tous deux à jouer en fade, le travail que je fais avec eux est assez similaire.
Dans le cas de Brooks, nous cherchons à faire en sorte que la tête du club reste en face de lui, car il a tendance à trop l’emmener vers l’intérieur au backswing. Au downswing, nous cherchons à faire en sorte que la tête du club reste à l’extérieur de ses mains pour qu’il puisse libérer le club franchement et jouer un puissant fade sur ses mises en jeu.
Il y a des similitudes entre les conseils que je peux donner à un golfeur professionnel et ceux que je peux donner à un joueur moyen ou débutant. En arrivant à l’US PGA, Brooks a eu la sensation qu’il frappait encore mieux la balle que la semaine précédente au WGC Firestone. Le mardi, alors que nous faisions un tour, il m’a dit : “Je n’ai pas besoin de grand-chose cette semaine. Je swingue vraiment bien. Véri e simplement que mes lignes sont correctes”. Il voulait parler de ses bases. C’est
à peu près tout ce sur quoi nous avons travaillé cette semaine-là. Il a ni par remporter son deuxième Majeur de l’année et mon travail n’a consisté qu’à m’assurer que son grip, son stance, sa posture et son alignement étaient corrects.
Il y a très peu de golfeurs qui attachent su samment d’importance à leur prise de position initiale.
Il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes qualités athlétiques – ni même un niveau de golf extraordinaire – pour bien prendre position. Mais la majorité des golfeurs adoptent une position initiale si mauvaise qu’ils se retrouvent en di culté dès le début du swing. Quand on regarde les joueurs qui drivent le mieux la balle, par exemple DJ, Brooks, Rory et Jason Day, on a l’impression qu’ils sont nés avec un driver dans les mains. On peut di cilement frapper des coups solides quand les fondamentaux ne sont pas respectés. Pensez au swing comme à une maison : si elle est mal construite, elle va s’e ondrer.
D’après mon expérience, la plupart des golfeurs slicent la balle et essaie de corriger le tir en adoptant une position initiale anti-slice.
Ils ont probablement lu qu’il faut un stance fermé pour jouer en draw, mais comme leur balle est positionnée trop en avant, leurs pieds pointent à droite de la cible et leurs épaules à gauche. Ce qui favorise un swing extérieur-intérieur, qui provoque un slice.
Le golfeur moyen swingue avec son driver comme il devrait le faire avec ses fers et swingue avec ses fers comme il devrait le faire avec ses fers.
En fait, quand il joue aux fers, il ne fait pas de divot parce qu’il a un angle d’attaque remontant et qu’il essaie d’aider la balle à décoller. Dans la plupart des clubs du Royaume-Uni, vous verrez des marques de divots au niveau des tertres de départ des pars 5. En revanche, il n’y aura aucune marque de divot au départ d’un par-5 d’un tournoi du PGA Tour, même s’il fait 570 mètres. Le golfeur moyen a tendance à avoir une frappe descendante, il est trop vertical avec son driver et le fait remonter vers le ciel. Ce qu’il faut, c’est inverser les choses, et swinguer le driver comme vous swinguez les fers pour avoir une frappe remontante et ne pas faire de divot.
Lorsque vous allez sur le parcours, jouez au golf, ne vous entraînez pas à swinguer.
Ne travaillez votre swing que lorsque vous êtes au practice. La plupart des joueurs
quand ils arrivent sur le terrain se mettent à essayer des trucs au lieu de faire avec la trajectoire naturelle de leur coup et avec ce qu’ils ont dans leur jeu. Donc, si vous jouez en slice, visez le côté gauche du fairway pour vous donner une plus grande marge d’erreur.
Si la trajectoire de vos mises en jeu se courbe parfois vers la droite et parfois vers la gauche, allez au practice et travaillez à n’avoir qu’une seule forme de trajectoire, tout en cherchant à vous sentir à l’aise en faisant cela. Que vous jouiez en slice, en hook, en draw ou en fade, vous devez être en mesure de le faire systématiquement. S’il vous faut jouer un slice ou un hook qui dévie de 15 ou 20 mètres, assumez et faites-le pour savoir comment vous aligner quand vous serez sur le parcours.
La plupart des technologies que nous utilisons, comme les moniteurs de lancement et la 3D, sont toutes basées sur ce que nous faisons au practice. C’est la raison pour laquelle je suis un grand fan de Cobra Connect. Grâce aux capteurs intégrés aux clubs, nies les approximations, vous savez exactement quelle trajectoire suit vos coups, à quelle distance vous envoyez la balle et où ont tendance à aller vos coups manqués. Beaucoup de joueurs frappent très bien la balle au practice, mais beaucoup moins bien quand ils se retrouvent sur le parcours. Cobra Connect est une technologie que l’on peut utiliser pendant une partie et pas seulement à l’entraînement. En tant que coach, je me préoccupe beaucoup plus de ce que font mes joueurs quand ils sont sur le parcours que de ce qu’ils font au practice.
Si vous avez un handicap de 15 et que vos clubs ne sont pas équipés des capteurs Cobra Connect, c’est que vous êtes fou.
Je ne travaille pas avec des jeunes joueurs qui n’en sont pas équipés. Sans cela je ne peux pas voir ce qu’ils font quand ils jouent. Si vous cherchez à progresser, c’est un moyen facile de suivre vos progrès. Si vous avez un smartphone, téléchargez l’application Arccos Driver, qui vous indiquera les secteurs où vous pouvez vous améliorer et les secteurs où vous devez vous améliorer. Peut-être croyez- vous ne pas être très bon au driving, mais cette technologie pourrait vous apprendre qu’au contraire c’est votre jeu de fers ou votre petit jeu qui pèchent. Vos séances d’entraînement n’en seront que beaucoup plus fructueuses car la plupart des gens travaillent leurs points forts mais ignorent leurs faiblesses.
66 worldofgolf-fr.com | janvier 2019