Page 26 - World of Golf N°185
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5QUESTIONS BRÛLANTES À JASON DAY
Après dix-huit mois obscurcis par les blessures et un drame familial, l’ancien n°1 mondial Jason Day est sorti du top 10 mondial pour la première fois en cinq ans. Mais à 30 ans, le joueur australien est de retour dans le cercle des vainqueurs et il compte bien étoffer son palmarès de 12 titres du PGA Tour et d’un titre majeur. Il a pris le temps de discuter avec nous des qualités qu’il faut avoir pour devenir numéro un mondial, de ses échanges par SMS avec Tiger et de la fois où il a dû nettoyer son bus après le passage de Bubba...
1. Pensez-vous pouvoir retrouver la place de n°1 mondial ?
Oui, absolument. C’est surtout une question d’état d’esprit. Je pense que si je veux être le meilleur joueur du monde, je serai le meilleur joueur du monde. Si j’ai décidé quelque chose, je sais qu’il n’y a pas grand-chose qu’on puisse faire pour m’empêcher d’arriver à mes fins. Si j’ai décidé que ça devait arriver, ça arrivera. Mais, cela dit, je sais à quel point c’est difficile de gravir cette montagne, à quel point c’est difficile de faire ce que j’ai fait par le passé, et en fait il faut énormément travailler son jeu pour en arriver là. Parfois, ça peut être très stimulant, mais parfois ça peut paraître extrêmement difficile, surtout quand on voit tout le chemin qu’il reste à parcourir.
2. En parlant du travail que cela demande, c’est vous qui avez eu les meilleures statistiques au petit jeu cette saison sur le PGA Tour. Quel travail ce secteur du jeu vous demande-il ?
Chaque semaine, je m’entraîne entre 10 et 15 heures au putting. Si je m’entraîne suffisamment longtemps, je peux exceller dans ce compartiment du jeu. Il y a beaucoup de gens qui pensent que ce n’est pas possible, que ça représente trop d’heures. Mais je suis bon dans ce compartiment. Et généralement quand on est bon dans quelque chose, on veut s’y consacrer davantage. S’il est une chose que j’ai apprise avec le temps, c’est à me débrouiller pour faire approche-putt quand je ne prends pas le green en régulation. Je n’ai jamais joué très long et très droit. Je fais partie de ces
joueurs qui vendangent pas mal, donc j’ai besoin de mon petit jeu pour faire des scores corrects ou pour réussir tant bien que mal à prendre la tête dans un tournoi. J’ai un équipement chez moi pour m’entraîner au petit jeu. Quand j’ai du temps libre, je vais m’exercer parce que je m’ennuie et que je n’ai rien d’autre à faire. C’est une autre façon de travailler mon petit jeu.
3. Un nombre croissant de joueurs, dont vous faites partie, préfèrent aujourd’hui se déplacer en véhicule de loisirs que de prendre l’avion et séjourner à l’hôtel...
Je me sens mieux quand j’ai le sentiment d’être à la maison. Je fais ça depuis 2010. Je me sens chez moi parce que je dors dans mon propre lit. J’y ai pas mal d’affaires, donc c’est une maison mobile. Bubba s’en est offert un cette année. Je suis quelqu’un de très réservé alors que lui... lui... il est un peu plus extraverti. Lorsque nous étions à Augusta, il est monté dans mon bus en disant : “Hé mec, qu’est-ce que tu fais ?” “Je suis assis dans mon bus et je regarde la télévision.” Comme il restait planté là, je lui ai demandé s’il voulait venir à l’intérieur. Il était en train de manger un burrito. Il s’est décidé à entrer et il m’a parlé pendant près d’une demi-heure. Il a fait tomber des morceaux de burrito partout sur le plancher puis il est reparti. C’est sympa d’avoir des gens comme ça dans le voisinage, des gens qui vous cradent votre bus quand vous en avez besoin. Nous sommes une bonne petite bande.
4. Parlez-nous un peu de votre fameuse routine d’avant coup...
Je n’ai jamais été capable de visualiser
un coup. En parlant avec Tiger ou Rory ou avec des joueurs qui ont une frappe fabuleuse, je me suis rendu compte que généralement ils visualisaient le coup les yeux ouverts. Je ne sais pas faire ça, il a toujours fallu que je ferme les yeux pour réussir à voir le coup. Je me demande toujours quel coup je cherche à jouer. Si c’est un draw au fer-7, à quoi ressemblerait un draw au fer-7 ? Le cerveau doit ensuite apporter une réponse. La plupart du temps, il donne une réponse. Je vois la balle décoller, voler dans les airs et atterrir. Mais je ne la vois pas rebondir ni faire quoi que ce soit de cet ordre-là.
5 . Tiger et vous avez noué une relation d’amitié lorsqu’il était loin des parcours. Comment cela se passe-t-il maintenant qu’il rejoue ?
La plupart du temps, il répond à mes textos. Depuis son retour, on a vu reparaître l’instinct de tueur qui le caractérisait autrefois. Lorsque j’ai fait mes débuts sur le parcours, il était encore au sommet de sa carrière et il gagnait beaucoup de tournois. Il n’y avait pas beaucoup de gens avec lesquels il parlait. J’ai l’impression que peut-être certaines personnes pensent que c’est la dernière impulsion qu’il lui faut pour sa carrière. Je sais qu’il a toujours les crocs. Beaucoup de gens sont impatients à l’idée qu’il fasse quelque chose de spécial, ils veulent voir s’il peut à nouveau s’imposer régulièrement et battre le record de Jack. Ce serait plutôt sympa à voir, mais je ne veux évidemment pas que cela se produise parce que je veux gagner.
26 worldofgolf-fr.com | janvier 2019


































































































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