Page 14 - World of Golf N°185
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“Il a fallu que je modi e mon swing. J’avais un problème de yips sur le swing, au putting, à tous niveaux imaginables en fait. J’ai surmonté le stress que je ressentais chaque fois que je jouais un coup et j’ai réglé les problèmes auxquels je faisais face depuis que j’étais sur le circuit. Je suis très heureuse d’être là où j’en suis aujourd’hui.” Danielle Kang a exorcisé certains de ses démons en s’imposant au Buick LPGA Shanghai.
Bill Shankly, le légendaire entraîneur de Liverpool, a dit un jour : “Le football n’est pas qu’une question de vie ou de mort, c’est beaucoup plus sérieux que ça.” Mais qu’en est-il du golf ? Seriez- vous prêt à risquer votre vie pour assister à un tournoi ? Il arrive régulièrement que des spectateurs soient touchés par des balles perdues. Et ce n’est pas un phénomène récent. Cela fait des décennies que les joueurs, pour se faire pardonner, o rent des gants dédicacés aux spectateurs qu’ils blessent. On ne peut dire avec certitude si la récente vague de blessures parmi les spectateurs, dont Corinne Remande, qui a perdu un œil après avoir été touchée à la tête par un drive de Brooks Koepka pendant la Ryder Cup, est simplement une malheureuse série noire ou si elle tend à prouver que les accidents de ce genre sont de plus en plus fréquents et de plus en plus graves.
LES ACCIDENTS SONT-ILS PLUS FRÉQUENTS ?
Les balles de golf vont plus loin et plus vite que jamais. La distance moyenne au driving sur le PGA Tour est aujourd’hui de 270 mètres, soit près de 10 mètres de plus qu’au cours de la décennie précédente. 61 joueurs ont drivé en moyenne à plus de 275 mètres la saison dernière.
La précision au driving suit un chemin inverse. Les joueurs touchent moins de fairways et leur marge d’erreur est plus importante. En moyenne, les mises en jeu qui ne parviennent pas à trouver le fairway le manquent de 8,1 mètres. Sur la plupart des parcours, les spectateurs se retrouvent donc clairement dans la zone de retombée. Et c’est sans tenir compte du fait que les drives particulièrement erratiques nissent régulièrement à plus de 20 mètres de la limite du fairway.
Si l’on ajoute à cela le fait que les spectateurs veulent être au plus près de l’action et que les organisateurs ont à cœur de répondre à ce désir pour attirer les gens sur les tournois, on comprend pourquoi il arrive que des spectateurs soient blessés.
La vitesse de balle moyenne sur le PGA Tour est de 272 km/h. Au moment où une balle retombe, sa vitesse est encore supérieure à 80 km/h. Laissez vous toucher et vous aurez une idée de ce que ça fait.
QUELLES SONT LES MESURES PRISES ?
“Nous prenons très au sérieux nos responsabilités en matière de sécurité des spectateurs”, a déclaré Keith Pelley, directeur exécutif de l’European Tour, après la Ryder Cup. “Des millions de spectateurs prennent plaisir à assister à des compétitions de golf chaque année. Les incidents de cette gravité sont extrêmement rares. La sécurité des spectateurs est la première de nos préoccupations, et ça continuera à être le cas.”
Après l’accident de Corinne Remande, le R&A prévoit de procéder à une évaluation des méthodes d’orientation des spectateurs et des zones d’a chage d’information pour le British Open de l’année prochaine au Royal Portrush. D’après Martin Slumbers, directeur exécutif du R&A, “les spectateurs peuvent éventuellement courir un risque lorsque les fairways sont côte à côte”.
Selon Michael Hardacre, responsable en charge des a aires d’assurance habitation et de responsabilité civile chez Slater & Gordon “il y a une limite à ce que peut faire un organisateur pour minimiser le risque que représentent les balles perdues, qui sont une possibilité rare mais bien connue des spectateurs sur les tournois de golf”.
UN SPECTATEUR BLESSÉ PEUT- IL POURSUIVRE DES ORGANISATEURS ?
“Les organisateurs ont une part de responsabilité dans ce qui m’est arrivé”, déclare Corinne Remande, qui envisage de poursuivre les organisateurs de la Ryder Cup.
“Les organisateurs de tournois sportifs ont un devoir de protection envers les spectateurs”, reconnaît Simon Boyes, maître de conférences à la Nottingham Law School. “Cela dit, on considère qu’un spectateur qui assiste à un évènement sportif accepte les risques qui en découlent comme une conséquence naturelle. Une balle qui nit dans le public pendant une partie de cricket ou un ballon de football dévié qui touche un spectateur seraient normalement
considérés comme des risques naturels. Pourvu que le placement des spectateurs ait été fait comme il se doit – pour minimiser au maximum les risques, on n’arriverait probablement aux mêmes conclusions pour un tournoi de golf.”
Koepka et ses collègues, quant à eux, ont peu de chances de se retrouver devant un tribunal.
“Un joueur ne pourrait être tenu pour responsable que s’il avait agi au “mépris total” de la sécurité des spectateurs”, ajoute Boyes. “C’est un cas extrême et très di cile à prouver”
POURQUOI LES PROS NE CRIENT-ILS PAS ‘FORE’ ?
L’European Tour avait déjà fait savoir aux joueurs que le nombre d’accidents touchant des spectateurs étaient en augmentation et les avait vivement exhortés à crier ‘fore’ en les avertissant que le non respect de cette consigne les exposait à des sanctions disciplinaires. Mais la menace est restée lettre morte.
“Sur l’European Tour, je dirais que la moitié des joueurs crient ‘fore’ “, explique Denis Pugh. “Je dirais que seuls 10% des joueurs du PGA Tour crient ‘fore’. Les joueurs savent que c’est un
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