Page 8 - World of Golf N°184
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Le Mot
de l’Éditeur
“En ce qui concerne les règles, il se peut que nous ayons fait un pas vers le bon sens. Mais nous avons encore du chemin à faire.”
u cas où vous ne le sauriez pas déjà, notre sport va au devant de sérieux problèmes. Je veux parler de la
contentent de “recommander” un temps maximal de 40 secondes pour frapper la petite balle blanche avec un bâton. Sérieusement.
Et puis, il y a la tâche extrêmement compliquée consistant à remettre une balle en jeu après qu’elle – ou sa jumelle à présent disparue – a dévié de la ligne droite. Jusqu’ici, nous droppions la balle à hauteur d’épaule. Désormais, il faudra la dropper à hauteur de genou. Quelqu’un voit-il quelle di érence majeure cela va faire ? Premièrement, les genoux, comme les épaules, ne sont pas tous à la même hauteur. Et ensuite, pourquoi ne pourrions-nous pas tout simplement placer la balle à un endroit sympa au lieu de la dropper dans une zone encore moins favorable qui pourrait entraîner un autre mauvais coup et ralentir encore un peu plus le jeu ? C’est encore un mystère pour l’observateur que je suis.
Ah, mais tenez-vous bien, voilà le meilleur. Les hauts dignitaires du golf renoncent à leur responsabilité prétendument suprême – quel choc, hein ? – en autorisant les clubs à établir leurs propres règles locales par rapport à ce déprimant sujet qu’est le hors-limites. Ainsi, alors que les vrais golfeurs des circuits professionnels retourneront encore au départ du trou après avoir envoyé une mine de l’autre côté de la clôture, vous et moi auront peut-être une autre possibilité.
Peut-être pourrons-nous dropper une balle en face du point où notre précédente tentative aura quitté le parcours – et prendre deux coups de pénalité. En d’autres termes, le coup suivant serait notre quatrième. Ce qui n’a pas l’air mal sur le papier. Mais en pratique ? Cette folie manifeste se soldera sans doute par des disputes sans  n. J’imagine déjà la chose.
“Tu rigoles, ta balle a franchi la limite au moins 20 mètres plus loin.”
“Non, c’est pas vrai.”
“Si, c’est vrai.”
Etcetera etcetera. Bon courage pour
régler la question.
Bien sûr, il y a d’autres évolutions qui
sont pour le moins risibles. Vous voulez réparer les marques de crampons ? Allez-y. Mais a) connaissez-vous quelqu’un qui joue encore avec des chaussures à crampons aujourd’hui et b) pouvez-vous repérer ne serait-ce qu’une seule véritable marque de crampons ? En fait, pourquoi ne pas tout simplement aplanir le terrain entre votre balle et le trou ? Si vous appuyez su samment fort sur votre putter, vous pourrez peut-être réussir à faire une petite tranchée. Voilà. Vous aurez un putt pratiquement immanquable.
Une dernière remarque. La correction des cartes de scores n’est pas évoquée dans les nouvelles règles. Aussi, au lieu de se baser sur ce qui se passe réellement sur le parcours, nous en restons à cette idée absurde qu’une erreur de calcul ou que le fait d’avoir écrit le mauvais chi re dans la mauvaise case peuvent potentiellement se solder par une disquali cation d’une compétition sportive.
Conclusion ? Oui, en ce qui concerne les règles, il se peut que nous ayons fait un pas vers le bon sens. Mais nous avons encore du chemin à faire. Et il y a une chose qui ne changera certainement pas. La grande majorité des pros de quelque circuit que ce soit ne se rendront toujours compte de rien quand quelque chose d’inhabituel se produira. Ils seront trop occupés à parcourir leur – désormais plus petit – carnet de greens...
Bonne lecture...
A
myriade de changements de règles qui entreront en vigueur le 1er janvier 2019. Ils sont, en e et, très nombreux. Certains d’entre eux sont logiques. Mais d’autres semblent avoir été imaginés par des hommes grisonnants qu’on aurait enfermés dans une pièce sombre après leur avoir fait prendre des drogues hallucinogènes. Bien sûr, le golf ne serait plus le golf si tout y était logique.
On progresse cependant vers la simpli cation puisque le nombre de règles va passer de 34 à 24. Et, pour être honnête, bon nombre de ces idées de génie péniblement élaborées sont nées d’un désir d’accélérer le jeu. Mais, comme d’habitude, le Royal & Ancient Golf Club de St. Andrews et la United States Golf Association n’ont pas le courage de prendre contre tous les Bernard Langer et les Jason Day du monde des mesures drastiques qui pourraient réellement changer les choses. Plutôt que d’imposer automatiquement une pénalité aux joueurs a reusement lents qui font du golf un sport à la fois insupportable à regarder et à pratiquer, les “autorités” se
8 worldofgolf-fr.com | decembre 2018


































































































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